Trente-huit ans déjà que René Martin et ses équipes réunissent au cœur de la Provence les pianistes les plus en vue du moment. La raison de ce succès ? Une programmation mêlant grands classiques et innovation douce, continuité et audace.
Un été de 1981. Au cœur du Parc du Château de Florans, à l’ombre des séquoias centenaires, 12 interprètes parmi lesquels on trouve les noms de Martha Argerich, Krystian Zimerman ou Vlado Perlemuter se produisent sur la petite scène que Paul Onoratini, son fils Bernard et René Martin ont dressé au centre de la clairière. En tout, 9000 spectateurs répondront à l’appel, couronnant l’audacieuse entreprise de succès…
Trois décennies ont passé, les éditions se succèdent mais ne se ressemblent pas. Ou plutôt, si elles se ressemblent, c’est par l’inimitable esprit de convivialité musicale qui s’en dégage. Où donc sinon à la Roque d’Anthéron voir l’éminent Nikolai Lugansky répéter en bermuda sur l’immense scène au son des oiseaux et des grillons ? Cadre bucolique donc, et un long cortège d’artistes d’exception. Premier à entrer en lice lors de cette édition 2018, Arcadi Volodos : le colosse aux exquises phalanges s’attaque au bien-aimé 3ème Concerto de Beethoven, soutenu par Lawrence Foster et son Philharmonique de Marseille (20/07). Pour couver un feu tel que Yulianna Avdeeva (26/07) dans le « Rach 3 », il faut des vestales. On ne doute pas que le Symphonique du Tatarstan, orchestre discret sur la scène française quoique carabiné, saura assumer ce rôle avec brio. Placée sous la direction majestueuse d’Alexander Sladkovsky, la phalange originaire de Kazan aura également à charge d’escorter l’imposant Denis Matsuev dans deux concertos de Prokofiev (27/07). Une fois n’est pas coutume, c’est un programme monographique que ramène dans ses bagages Grigory Sokolov : le 26 juillet au soir, l’excentrique pianiste russe s’attaquera à trois sonates de Haydn.
Grands noms et jeunes talents
Toujours attentif à l’éclosion de nouveaux talents, l’édition 2018 du festival fait également la part belle à la jeune génération, parmi lesquels quelques forts caractères à ne pas manquer : la force tranquille de Marie-Ange Nguci, l’ardente Maroussia Gentet, le génie impétueux de Lucas Debargue (07/08) et le magicien Florian Noack (06/08) ! Et tandis que les amateurs de Brahms se réjouiront de la venue à quelques jours d’écart de Nelson Freire (11/08) et d’Adam Laloum (18/08), tous deux dans l’aventureux 2ème Concerto, ceux de Liszt seront comblés par l’élégant Nelson Goerner qui en explorera le répertoire concertant aux côtés du Sinfonia Varsovia (13/08). Autre convive de marque, Maria João Pires. Bien qu’elle ait annoncé en décembre dernier son retrait de la scène, la pianiste portugaise a accepté de prêter ses doigts à un surprenant dialogue spirituel en tandem avec le moine bouddhiste Matthieu Ricard (28-29/07). Enfin, rappelons que l’Abbaye de Silvacane, jadis fréquenté par Gustav Leonhardt, offre un écrin remarquable pour l’écoute du clavecin. L’édition 2018 n’y sera pas indifférente, s’y succèderont : Pierre Hantaï, Jean Rondeau, Justin Taylor et Skip Sempé. Le jazz, également très courtisé cette année, se régalera de la venue consécutive de deux rois du clavier : Brad Meldhau (23/07) et Laurent de Wilde (02/08).
Julien Hanck
Source: https://www.journal-laterrasse.fr/festival-de-la-roque-dantheron-3/
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